vendredi 28 décembre 2012

Monument Valley, AZ - 107 Miles


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107 Miles

Monument Valley se trouve à environ deux heures trente de Chelly Canyon. Nous mettons un certain temps à trouver quelque part où déjeuner, car dans ces grandes étendues nous sommes un peu perdus. Encore une fois les décors se succèdent et défilent devant nos yeux. Finalement, morts de faim, nous trouvons un Burger King à Kayenta, il doit être 15h30... Mais attention, le BK est Navajo.

Ce qui nous frappe c'est qu'il y a des clients à l’intérieur - obèses - et comme d'habitude avec une climatisation toute américaine qui nous oblige à porter un pull alors qu'il fait 30°C à l’extérieur. Force courants d'air et paradoxe Nord Américain .. C'est ridicule... Ici, pas un seul blanc. Un Navajo et son enfant entrent dans le BK alors que nous avons presque terminé. Il s'assoit près de nous. On se demande ce qu'en pleine semaine, vers 16h00, un père et son enfant vont faire au Burger King... Il entame la conversation et on discute tranquillement. Son enfant d'environ 6 ans porte de longs cheveux noirs. Nous nous demandons  si c'est une fille ou un garçon. Le pauvre a toutes ses dents en métal brillant, un peu comme "Requin" dans "Moonraker"...

Nous devons partir vers Monument Valley, alors nous avançons vers le site protégé appartenant encore une fois aux Indiens, ce qui implique que notre Annual Pass n'est pas accepté. Soit, mais ça commence à ressembler à du racket.


Nous partons à pied faire le Wildcat Trail. 3.2 Miles sous le cagnard, mais ça vaut le coup... Nous faisons le tour d'une de ces montagnes typiques des Western... Le temps pour nous de profiter pleinement de la faune (quelques gros lézards de 30 centimètres) et de la flore (des cactus, des herbes, des fleurs...) et d'admirer les merveilles du temps et de la nature.


Revenus à la voiture, nous repartons pour un tour avec notre 4x4 sur une piste sablonneuse. Je m'amuse bien en faisant peur à Isa, et nous parcourons les sites un par un, avec une petite pause pour faire quelques photos... Musique Country par la radio "XM" - radio par satellite sans publicité - offerte avec la location de la voiture...




C'est magnifique, et nous terminons après deux heures de balade au John Ford's Point pour admirer le coucher de Soleil.



Aujourd'hui, nous étions dans l'Ouest...

Départ pour Page et route de nuit, en espérant trouver un camping...




jeudi 27 décembre 2012

Chelly Canyon, AZ - Navajo Territory - 130 Miles


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130 Miles

Notre petit détour par Petrified Forest a valu le coup. Mais désormais nous avons un peu allongé le trajet et il faudra le raccourcir plus tard. Nous ne passerons pas par Capitol Reef NP. Bien. L'aventure continue et environ 3 heures de route nous séparent de Chelly Canyon qu'il faut rejoindre pour passer la nuit. 

Isabelle fait semblant de travailler.

Nous entrons en plein territoire Navajo. Chinle, la ville qui se trouve à la sortie du Canyon, me fait penser à Niamey. Les chevaux et les chèvres sont en liberté le long de la route. Il n'y a pas âme qui vive. L'école à proximité de laquelle nous passons est déserte. Des sacs plastiques jonchent les grandes avenues sableuses. Vraiment, on se croirait plutôt dans une contrée désespérée d'Afrique. Même l'Holiday Inn qui est à coté du Canyon ne donne pas du tout envie...

En territoire Navajo, les entreprises, les commerces, doivent appartenir nécessairement à un Navajo. Le camping et le canyon de Chelly sont "Navajo". Le Spider Rock Campground est privé et détenu semble-t-il par un Navajo. L'ambiance est un peu bizarre et porte un héritage des mouvements baba-cool des sixties. Les sites sont très sympas, un peu bordeliques mais bon, ce n'est pas cher : 10$ la nuit pour nous deux et la voiture... Pour ce prix, nous avons une super table avec des bancs et de quoi poser la tente dans un endroit discret abrité par les petits arbres résineux du coin. Pas de douche chaude et toilettes sèches au programme, comme en montagne ! 

Oxymore

Les couleurs du ciel s'embrasent tout à coup et le mélange des nuages sombres avec l'horizon rougeoyant ne manque pas d'attirer l'oeil et mon objectif. Le soir, nous rencontrons un médecin américain trentenaire qui habite ici dans une cahute de bois et de torchis. Nous passons boire un verre de vin - interdit ici - après notre dîner. Il nous raconte que Chinle est pratiquement une ville du tiers monde, ce qu'on a eut vite fait d’acquiescer... Mais ce que l'on ne savait pas c'est que des Gangs - Navajos - font régner la loi et que ce n'est pas sûr du tout comme endroit. Lui a été en mission en Afrique et aussi fait le rapprochement. Il travaille à l’hôpital local (où il se douche) et nous explique que les indiens bénéficient de la gratuité des soins, contrairement aux autres américains. Dans une grande majorité de cas, les indiens qu'il soigne sont atteints des maladies issues d'une mauvaise nutrition, symptomatiques de la pauvreté ambiante. Le type est courageux et vit avec trois fois rien. On se doute qu'il a un super forfait de téléphone pour joindre les siens, car effectivement il cherche de la compagnie disons, éduquée, dans ce coin de Terre ou le chômage atteint les mêmes sommets que la criminalité.

Le Soleil n'est pas encore bien réveillé lorsque je joue les acrobates au ras de la falaise.

Nous nous rendons dans le canyon le lendemain directement par la seule balade autorisée par les Indiens sans guide. Les dits guides peuvent nous emmener plus loin dans le canyon, aller voir les pueblos construits dans les falaises... pour la modique somme de 100$. Nous n'avons de toutes manières ni l'argent, ni le temps, même si nous regrettons quelque part de ne pas pouvoir le faire.

Le canyon est encaissé et luxuriant...

La balade est très sympathique et nous profitons des points de vue. En bas, près des grands pueblos où de nombreux indiens ont été massacrés par l'Armée des Unionistes prisonniers du canyon, des Navajos vendent  leur production locale : colliers, vases, objets divers... C'est très joli et très fragile, et nous n'achetons rien.

Pueblos et roches érodées par le torrent au cours des siècles...

Le canyon est très fertile et explique la présence humaine depuis des milliers d'années. Les pueblos en témoignent. Une végétation luxuriante, même à la fin de l'été, est source de notre émerveillement.



Nous profitons ensuite de plusieurs points de vue depuis la South Rim, puis nous filons, direction Monument Valley.

Un des avantages du trépied... Le self-shooting !









mardi 25 décembre 2012

Petrified Forest NP, AZ - 215 Miles

Nous quittons le Grand Canyon National Park impressionnés mais pas tout à fait séduits. Cela est en partie lié à la présence de nombreux touristes, mais peut-être aussi à la grandeur du site qu'il est difficile de saisir. C'est tellement grand !

Nous décidons de modifier un peu notre parcours. Initialement, nous devions viser Chelly Canyon, mais, fort heureusement, nous trouvons sur la carte un National Park qui nous permettrait une halte et éviter de passer tout le reste de la journée en voiture. Enfin, c'est quand même ce qu'il va se passer. Nous avançons vers le site de Petrified Forest en passant par Flagstaff - 215 miles quand même ! - pour nous arrêter à un camping KoA (Kampgrounds of America, une chaine de campings) à proximité immédiate du parc que nous visiterons le lendemain. La bourgade s'appelle Holbrook.

La dame du KoA est très accueillante et nous profitons d'un petit espace en herbe - rare dans ces contrées - pour planter tranquillement la tente. Un petit saut dans la piscine bien mérité avant de dîner, et nous mangeons. Même le Highway 80 ne nous embarrasse pas pour tomber de fatigue : route, soleil, marche et décalage horaire sont notre élixir du sommeil.


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215 Miles


Petrified Forest est un site préservé en plein désert de l'Arizona. Une forêt préhistorique se trouvait là. Battue par les tempêtes il y a quelques millions d'années, nombre de ses arbres sont tombés et se sont enlisés dans des marécages. Puis quelques milliers d'années plus tard, la mer est venue recouvrir les restes des troncs. Un long processus de sédimentation s'est amorcé et avec le temps, le bois est devenu pierre multicolore.


Le site est en fait ni plus ni moins un immense espace traversé par une route à partir de laquelle des petits trails partent de parkings. Il fait une chaleur à crever, ce qui explique que nous allons opérer une sélection aidés du Routard et de notre inspiration du moment. Nous découvrons les centaines de troncs d'arbres bizarrement découpés par la nature, et dont plusieurs tonnes disparaissent - parait-il - chaque année, à cause de vandales mal élevés et irrespectueux. Nous découvrons aussi les Badlands, ces espèces de montagnes d'une pierre très friable, aussi friable que le sable mais sans en être. Ils ont été formés par érosion, notamment par les pluies, une fois les mers retirées.


Comme d'habitude dans les NP, tout est fait pour que le touriste lambda puisse comprendre l'écosystème local, les tenants et les aboutissants du site. Rappelons que nous avons acheté au Grand Canyon un pass annuel pour une voiture de 4 personnes nous donnant accès à tous les parcs nationaux pour 80$, ce qui n'est franchement pas cher payé pour la qualité des sites, l'amabilité et le professionnalisme des Rangers. Bref, toute la rigueur américaine au service du plus grand nombre. Les Badlands sont nouveaux et inattendus pour nous et nous en reverrons au coeur de la Death Valley.





Les trails sont sympathiques mais peu diversifiés pour la plupart. Il fait une chaleur à crever et le soleil tape fort. Nous buvons énormément pour compenser les 35°C locaux.


Puis, l'appel de route devient perceptible. Chelly Canyon est encore loin. Et il va falloir continuer le train train habituel : nourriture, bloc de glace, essence, lieu pour dormir... C'est ça le road trip ! Chaque geste du quotidien prend une éternité et devient un effort. Mais cela vaut pour le dépaysement...


Grand Canyon NP, AZ

Le Grand Canyon, un trou béant creusé dans les millénaires, insaisissable beauté de la Nature, mais brute, sans subtilité. Richesse de siècles innombrables passés laborieusement à frayer son chemin au coeur de l'Amérique, le Colorado a finalement fait son lit.


Voilà, nous arrivons à temps pour le coucher de soleil. Les très nombreux touristes se précipitent en dehors de leur voiture et au fur et à mesure que la luminosité diminue, le ciel s'embrase. Vite, le pied, l'appareil, un effet chaud car le vent souffle, et zou, au Sunset Point.



Clichés. Nature. Couleurs profondes. Cet énorme Parc National est le plus visité des Etats-Unis, le retentissement des clics-clacs des réflexes permet de le confirmer. Certains Japonais font honneur à leur réputation ! C'est presque trop grand pour pourvoir en saisir la beauté. Disons que cela ne séduit pas tant que ça. Mais quand même, ces roches rouges illuminées des derniers rayons de soleil, après cette journée passée à rouler et affronter les éléments au même titre que l'asphalte... Nous sommes récompensés !



Ce weekend est un bank holiday, un jour férié, et très populaire, un peu notre 8 mai. Les campings sont pleins. Il faut ressortir du parc. Il y aurait un autre campsite pour poser notre tente. Mais dans cette nuit noire, nous manquons de trouver l'entrée, 25km après la sortie du parc. Un petit chemin de National Forest arrive sur la route, un peu au hasard. Allons par là. Camping sauvage ? Pas tout à fait. Des aires de camping en plein dans les bois et par dizaines s'ouvrent alors à nous à notre grande surprise. Mais nous sommes impressionnés, en pleine nature, les bruits inconnus de nos forêts européennes sont multiples et nous surprennent. Hésitations. Bon, aller, on reste là, de toutes manières on ne sait pas où aller d'autre. On sort les pâtes chinoises et on boit la verveine quotidienne. La nuit se passe sous les ululements et les bruits d'une énorme araignée qui marche dans les feuilles mortes, et bientôt, sur notre toile de sous-tente ! La pleine lune se charge de parfaire le décor.

Reveil vers 4h30 pour aller regarder le lever de Soleil... Après le lever, petit déjeuner interdit dans le Parc, mais si tôt, nous n'allions pas être embêtés. Thé goût crabe... Hum.



Par la suite, on suivra le Cliff Trail qui part de Grand Canyon Village et nous emmène de point de vue
point de vue. Les balades sont supers, nous sommes heureux !



Mais la route nous appelle bientôt vers d'autres aventures.






West Side Story : on the road again... - 509 Miles

Ce devait être le point d'orgue d'une première année accompagnée de ma désormais fiancée. Les espoirs furent comblés ! Trois semaines de dépaysement, une Chevrolet, 6000 km, des sites naturels d'exception, des lieux de débauche complète et caractéristiques des contradictions américaines qu'on ne compte plus.


53 Miles

Après avoir récupéré notre Chevy Equinox, nous roulons deux heures vers Upland, en sortie de LA, où nous avons réservé un motel afin de passer une grosse nuit avant la route du lendemain, et se recaler sur l'horaire locale. À 1h heure du matin, heure française, nous partons faire du shopping, mais ici, il n'est que 16h00. Avouons qu'il s'est agi d'un moment assez pénible... Nourriture, derniers effets de camping intransportables en avion, et quoi de mieux qu'un burger pour repas ?

À l’hôtel, nous nous risquons à un bain de minuit avec trois obèses américains très sympathiques et assez typiques puisque les bons vieux clichés sur l'Europe ressortent environ 25 secondes après que l'on soit entrés dans le jacuzzi...

Nous partons nous coucher dans notre énorme lit vers 21h locale, soit 6h chez nous à Pau, mais le Béarn est loin, très loin.

456 Miles


Au réveil, direction Grand Canyon National Park. 476 miles away... 7h30 de route. En chemin nous faisons une halte à Barstow pour jeter un oeil sur le premier "Premium Factory Outlet" venu. En gros, une zone champignon où se sont installés des magasins d'usine de grandes marques : Tommy Hilfinger,  Ralph Lauren, Levi's, etc... Ordre de grandeur : un 501 Levis coûte 100€ en france, 45$ aux Etats-Unis... Bref, on prend trois fringues, on ressort, et on reprend la route. Mais c'est sans compter sur la police qui veille. Je trouve la Dodge jolie, et je demande au policier, né en France dans les Pyrénées et qui a émigré à l'age de 3 ans aux Etats-Unis, si je peux prendre en photo sa voiture, avec les lumières s'il vous plait ! Il nous fait même poser devant et dedans... Sympa !

So, who's the boss now ?


La route est une succession de paysage changeant toutes les 30 à 45 minutes. Désert, garigue, forêts, des étendues à perte de vue, des montagnes séparant les climats. Nous ramassons un orage comme nous avons rarement connu, doublés par les camions de 50 tonnes qui nous balançaient tellement d'eau à cause d'une route en très mauvais état, que nous étions obligés de freiner en urgence, privés de visibilité. Et ce SUV n'a pas franchement un bon comportement routier : c'est un veau qui tangue comme un optimiste et qui a autant de puissance qu'une 205 diesel de 1990.


Ouistiti !


Une trentaine de kilomètres avant le Grand Canyon, nous traversons une petite ville dans laquelle se trouve un Air & Space Museum. Au milieu de nul part, quelques vieux coucous regardant passer les 5 millions de visiteurs annuels se rendant rive Sud du Grand Canyon. Le musée est fermé, mais parmi eux, un magnifique Constellation, dans lequel, je l'apprendrai plus tard, était transporté le Général Mac Arthur...


Nous avons le fromage, ils ont les avions...

Nous ne tardons pas pour ne pas rater le coucher de soleil sur le canyon.


End of Chapter One !